En séduction, et particulièrement quand nous choisissons de chercher la proximité dans le but de séduire, nous devons éviter d'avouer nos sentiments, et faire naître l'attirance d'une manière non verbale. Pourquoi ?
Approche directe et indirecte
En considérant deux grandes familles d'approches : les approches directes et les approches indirectes, il s'agit soit de montrer son attirance, soit de chercher la proximité dans le but de séduire.
Approche directe
Une approche directe est audacieuse mais risquée, car elle nécessite de montrer son attirance alors que la relation n'existe pas encore. Non seulement nous prenons un risque élevé de subir un échec (car nous ne pouvons être jugé que sur notre apparence, audace), mais nous trahissons également nos intentions.
Trahir ses intentions incitera l'être aimé à nous considérer comme désirant, en position de faiblesse, mais aussi à se considérer comme désiré, voire même désirable, plus qu'il ne le ressent habituellement.
Cf. la prophétie réalisatrice et le fait que le positionnement modifie non seulement notre image, mais aussi les propres représentations de l'interlocuteur.
Approche indirecte
Une approche indirecte est complexe car la frontière entre l'ami et le séducteur est plus mince, mais supérieure quand bien exécutée. Nous disposons d'un laps de temps pour se montrer valeureux, et créer l’attirance. Tout l'art de la séduction est de rythmer cette approche, et de guider finement la relation sur le terrain de la tension, plutôt que sur celui de l'amitié.
Cf. la Méthode Mystery théorise l'approche indirecte, et considère qu'il faut attirer une femme avant de l'aborder.
Une approche indirecte mal exécutée, nous guidera vers la Friend Zone, et nous mettra en face d'un dilemme qui ressemble à celui de l'approche directe : montrer son attirance, ou pire, avouer nos sentiments. Notre investissement nous pousse à déclarer notre attirance pour obtenir une réponse, une réaction. Nous allons tenter ici d'expliquer pourquoi ce comportement n'est pas rationnel.
L'investissement et le besoin de garanties
Le manque d'opportunités augmente notre investissement, y compris émotionnel (aimer une personne de manière irrationnelle), et nous pousse à sauter des étapes en se servant d'illusions, de projections imaginaires. S'investir c'est s'attacher, s'attacher c'est s'investir...
Cf. article sur le stoïcisme pour comprendre le danger de l'investissement sur le plan émotionnel.
Quand nous nous investissons, nous nous attachons, mais nous nous investissons aussi toujours plus. Cela nous permet de justifier le fait que nous nous somme déjà investis, et ce, même si un déséquilibre d'investissement se creuse entre nous et la personne que nous aimons ou que nous désirons. Nous idéaliserons également toujours plus la personne aimée, pour nous prouver que le déséquilibre d'investissement est justifié.
C'est une illusion, qui génère un besoin régulier de garanties, et même pire : nous nous contentons de garanties superficielles, qui nous permettrons de poursuivre ce comportement irrationnel. Nous ne voulons surtout pas connaître la vérité.
Cf. article sur le chevalier blanc qui surinterpréte.
« Après des mois, je lui ai avoué ce que je ressentais pour elle. Elle m'a dit avoir eu des doutes sur ce qu'elle ressentait pour moi, mais elle estime que ce serait trop compliqué de tenter l'aventure pour plusieurs raisons [...] »
Avouer ses sentiments
De manière générale avouer ses sentiments est rédhibitoire, et comme le dit Google :
« Un vice rédhibitoire est un défaut qui peut motiver l'annulation d'une vente. »
C'est une demande de garantie qui n'a pas lieu d'être au début d'une relation. C'est la demande d'un verdict qu'il ne vaudrait pourtant mieux pas obtenir, dans la mesure où la probabilité de réussite est faible. Le comble étant que la demande intervient souvent quand cette probabilité est au plus faible. Dans ce contexte, avouer ses sentiments est donc « suicidaire ».
Nota bene
Plutôt que demander des garanties, il vaut mieux demander des services, et faire en sorte que la personne aimée investisse pour nous, et donc s'attache. Il faut se considérer comme un dispensateur de plaisir. Un dispensateur qui utilise la réciprocité pour contrôler l'offrande de ses ressources.
Cf. article sur l'art de la séduction de Robert Greene.
Le verdict
Le verdict intervient quand nous montrons notre attirance, quand nous avouons nos sentiments. Il est souvent négatif. Pourquoi ? Demander un verdict, c'est invoquer la logique pour obtenir une réponse. Or, nous savons que la séduction s'opère souvent davantage sur le plan émotionnel.
Le verdict instantané
Dans le cas d'une approche directe, le verdict est demandé au moment de la rencontre, il sera très souvent négatif, mais n'aura pas de conséquences lourdes. Le séducteur ne s'est pas investi corps et âme avant de le demander, et peut même s'amuser du résultat. C'est une vision rationnelle de l'abordage, qui s'appuie sur le fait que la quantité d'approches prime sur la qualité de ces approches. Donc même si le ratio est de 1 réussite sur 100, il s'agit de les obtenir.
Il est important de noter qu'avec une approche directe, le séducteur obtient une réponse limpide, et ne sera pas blessé, ou peu, même si ce sentiment se développe par renforcement.
Cf. définition du SPU en séduction.
Le verdict de la dernière chance
Dans le cas d'une approche indirecte, le verdict est bien plus problématique. Le séducteur l'emploie comme « dernière chance », pour se libérer d'une situation qui n'évolue pas, pour se sauver en sachant qu'il sera très difficile de l'entendre.
Pas besoin de préciser que ce verdict est très souvent négatif, en particulier quand il intervient après plusieurs mois de relation. Le laps de temps accordé par l'approche indirecte n'a pas été utilisé pour créer l'attirance, et il nous a mené à la Friend Zone.
Par ailleurs il est important de noter qu'avec une approche indirecte, le séducteur obtient une réponse floue, peu claire, car une relation d'amitié existe, et que l'être aimé ne souhaite pas nous blesser. D'autre part notre investissement valorise l'être aimé, qui ne souhaite pas le perdre.

Analogie avec la physique quantique
Plutôt qu'un électron, imaginons qu'une femme ou un homme se situe dans un état superposé A+B.
- A représente un état où cette personne développe de l'attirance pour nous.
- B un état où elle ne souhaite pas de relation affective ou sexuelle avec nous.
Nous savons qu'après 3 mois de relation, cette personne n'a pas montré de volonté de développer une relation affective ou sexuelle avec nous. Cependant elle semble nous apprécier et a montré plusieurs fois un comportement ambiguë. Nous estimons donc qu'il y a 20% de chances que son état soit A, 80% de chances que son état soit B.
Déclarer ses sentiments revient à prendre une mesure à un moment T, pour savoir si l'état de cette personne est A ou B. Nous demandons le verdict et forçons cette personne à sortir d'un état superposé pour se positionner dans un état A ou B. Il y a donc 20% de chances que cette personne se positionne dans un état A, 80% de chances que cette personne se positionne dans un état B.
Plutôt que de laisser cette personne dans un état superposé, et d'essayer de modifier la probabilité qu'elle se positionne dans un état A, nous forçons cette personne, en déclarant nos sentiments, à se positionner dans un état B. Il n'est donc pas rationnel de déclarer ses sentiments quand la probabilité est si faible. Pourtant, il est facile d'envisager que la déclaration des sentiments est le seul moyen de sortir d'une situation où l'investissement est devenu trop lourd à porter sans garanties.
En séduction nous essayons de ne pas mesurer l'état de la relation, jusqu'au moment où le rapprochement physique se fait naturellement.
Sources ayant permis la rédaction de cet article :